Les présentations et interventions se sont déroulées en plénière autour de cinq sous thèmes. L’objectif était de donner les bases d’échanges aux congressistes autour des objectifs spécifiques suivants :
- promouvoir la décentralisation de la gestion des ressources naturelles comme idéal de mobilisation des jeunes et de création d’emplois;
- accroître l’implication et la contribution du secteur privé dans la gestion durable des ressources naturelles;
- inverser les tendances de dégradation de l’environnement par des actions locales à notre portée.
COMMUNICATIONS
Communication 1. Valoriser le capital naturel pour combattre le chômage des jeunes et la pauvreté
La première communication a traité du thème «combattre le chômage des jeunes et la pauvreté par la valorisation de la nature». Le sujet a été développé par Monsieur Boubacar IDANI du Ministère de la Jeunesse et de l’Emploi. Le conférencier dans son mot introductif a indiqué que 60% de la jeunesse du Burkina Faso a moins de 20 ans. Ce qui engendre l’impérieuse nécessité de trouver des emplois pour cette jeunesse. Cependant a-t-il souligné, l’économie se caractérise par une faiblesse dans la création des emplois.
Le secteur agricole non plus n’est pas développé, le sous emploi des jeunes ruraux allant jusqu’à 40%, ce qui a pour conséquence, l’expansion de la pauvreté en zone rurale.
Une stratégie nationale devant amener les secteurs d’agriculture et d’élevage à se développer s’est avérée impérieuse afin de réduire la pression sur les ressources naturelles.
Aussi après avoir défini les concepts de chômage et de pauvreté, le conférencier a donné les grandes lignes de la politique gouvernementale tirées du cadre stratégique de la lutte contre la pauvreté qui place l’environnement comme secteur prioritaire.
C’est ainsi qu’au niveau du ministère de la jeunesse et de l’emploi des stratégies se développent afin de créer des emplois ruraux pour les jeunes, tout en veillant à la protection des ressources naturelles.
Des exemples de création d’emplois dans les secteurs de la pêche, de l’exploitation forestière et de la chasse ont été portés à la connaissance des participants. De même dans le cadre du soutien aux jeunes pour la création d’emplois, des fonds ont mis en place au sein du ministère de la Jeunesse et de l’Emploi pour soutenir les différentes initiatives (FASI, FAPE, FAFPA, FAIJ).
Communication 2. Ecocitoyenneté – Option pour une gestion durable des ressources naturelles
Monsieur BELEM Ibrahima du SP/CONEDD dans sa présentation s’est appesanti sur la définition du concept, les comportements dégradant l’environnement et ceux qui sont à promouvoir.
L’écocitoyenneté est un concept visant à faire en sorte que tout citoyen reconnaisse la portée écologique de ses actes, cherche à en limiter les effets nuisibles sur l’environnement et entreprenne des actions de sauvegarde et de restauration.
L’objectif recherche est de cultiver le sens de responsabilité individuelle et collective des citoyens pour susciter leur participation active et consciente pour une gestion durable des ressources naturelles et une amélioration de leur cadre de vie.
Chaque acteur est interpellé sur son rôle et ses responsabilités. Il est attendu du secteur privé (i) une implication dans les actions de conservation et de protection de l’environnement, (ii) les investissements ans les idées novatrices et les technologies propres, (iii) le soutenir les initiatives des acteurs et l’intégration des Evaluations d’impacts sur l’environnement (EIE) dans leurs initiatives.
Une liste des types de déchets dont certains ont des durées de vie de plus de 100 ans, ainsi que des comportements et des pratiques dégradant l’environnement a été dressée (coupes anarchiques, destruction des arbres, feux de brousse, sachets plastiques, dépôts sauvages, exploitation des mines et carrières, véhicules polluants, pollutions industrielles). Des exemples de bonnes pratiques ont également été donné (reboisement, régénération naturelle assistée, récupération des terres dégradées, ramassage et traitement des ordures, utilisation d’emballages biodégradables, etc.).
Communication 3. Décentralisation de la gestion des ressources naturelles au Burkina Faso
La communication sur la décentralisation de la gestion des ressources naturelles au Burkina Faso: Quelles opportunités pour une création d’emplois a été présentée par Monsieur Moussa Léopold YODA, Inspecteur Technique au Ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie (MECV)
Il a indiqué que les ambitions du gouvernement à travers la mise en œuvre du processus de décentralisation de la gestion des ressources naturelles sont centrées sur la responsabilisation des collectivités locales et la réduction de la pauvreté par la création d’opportunités d’emploi aux couches les plus actives et les plus défavorisées. En particulier, la décentralisation devrait favoriser un meilleur accès des pauvres aux ressources forestières en tant que réservoir de produits divers et source de revenus monétaires. De manière spécifique ces opportunités sont entre autres;
- l’augmentation significative des superficies forestières protégées et aménagées à travers la mise en place des zones de conservation des CT, sources de revenus monétaires donc de création d’emploi:
- une lutte efficace contre les facteurs de dégradation: feux de brousse et coupe anarchique notamment;
- un meilleur suivi des ressources forestières;
- une amélioration des conditions de vie des populations du fait de la création d’emplois et de revenus;
- une augmentation des recettes fiscales provenant de l’exploitation forestière au bénéfice du budget de l’Etat et, surtout, de ceux des CT.
La volonté politique nationale qui sous-tend la décentralisation est accompagnée d’une mise à la disposition des acteurs les orientations, instruments et outils appropriés.
La Constitution du Burkina Faso (Loi Fondamentale) consacre la décentralisation comme l’option politique majeure à même d’impulser le développement national et local ainsi que l’approfondissement de la démocratie et de la bonne gouvernance
Le Code Général des Collectivités Territoriales (loi n°055/ AN du 21 Décembre 2004) précise que les compétences spécifiques des collectivités territoriales, les modes de transfert des ressources et l’organisation du territoire au niveau de chaque type de collectivité
Le Code forestier (1997) avait déjà prévu des dispositions dans le sens de la responsabilisation des collectivités territoriales dans la gestion des ressources forestières, en précisant que celles-ci peuvent créer des forêts à leur nom par exemple.
Le MECV a élaboré avec l’appui de la FAO d’élaboration d’un plan de réformes institutionnelles et juridiques pour la décentralisation dans le secteur forestier en réponse aux défis institutionnel et juridique, technique, économique et social qu’elle a suscitée. Ce plan d’action a pour objectif de mobiliser et coordonner les ressources humaines, matérielles, techniques et financières nécessaires à la mise en œuvre effective du cadre de réforme institutionnelle et juridique pour la décentralisation dans le secteur forestier. Ce plan d’action se veut une plate-forme minimale pour la mise en œuvre effective d’une gestion durable et décentralisée des ressources naturelles.
Communication 4. Secteur privé et gestion des ressources naturelles- Opportunités de renforcer la durabilité
Le Professeur Aimé J. NIANOGO, Chef du bureau régional Afrique de l’ouest de l’Union mondiale pour la nature (UICN/BRAO) a présenté la communication suivante : Secteur privé et gestion durable des ressources naturelles.
Il a dans un premier temps défini le rôle de pollueur et de gestionnaire des ressources naturelles (forêts, faune, ressources halieutiques, eau, déchets,….) du secteur privé avec l’environnement.
Il a ensuite présenté deux études de cas sur les secteurs forêts et de la faune.
Ainsi, au niveau du secteur des forêts les conséquences d’une gestion industrielle du bois qui est la principale source d’énergie pour au moins 94% de la population du pays se traduisent par la raréfaction voire la disparition de plusieurs espèces végétales, la fragmentation des habitats de la faune et enfin le déboisement et la désertification du couvert végétal du pays.
En guise de réponse à ces problèmes, l’Etat a mis en œuvre le Programme National d’Aménagement des Forêts Naturelles du Burkina et la Planification de la gestion de l’espace rural et des ressources.
Le rôle des opérateurs privés dans la mise en œuvre de cette politique consiste au Transport du bois (85 à 93% convoyé vers Ouagadougou par camions 10T et charrettes), la Commercialisation gros (transporteurs grossistes) & détail (large proportion de femmes) avec pour impact des Contributions à la création d’Emplois directs (chauffeurs, apprentis, porteurs, agents de vente), de Promotion des activités des GGF et d’Achat de biens et services (véhicules, pièces détachées, carburant, mécanicien, …).
Au niveau du secteur de la faune, après avoir défini le rôle des différents acteurs, dont celui du secteur privé et des ONG qui est axé sur l’apport de capitaux et la gestion de certaines activités lucratives dans les zones concédées, l’accompagnement des communautés (IEC), il a fait ressortir les charges de gestions par le privé et les bénéfices des riverains (revenus pécuniaires et autres avantages matériels). L’exemple de la concession cynégétique de Konkombouri a été donné.
En terme de métiers, il est cité la gestion des écosystèmes (aménagement, suivi écologique, recherche, surveillance anti braconnage, etc., l’exploitation durable des ressources (guide de chasse, de pêche ou de tourisme, agent de marketing, transformateur de PFNL, etc.), la production de ressources spécifiques (plantes, faune, bois, viande, poisson, fruits sauvages, etc.), la gestion des déchets, pollutions eu nuisances, les études (d’impact environnemental), et en aval la transformation et la commercialisation.
Pour une efficacité dans la gestion du secteur forêt / faune, il y a la nécessité de développer un partenariat entre les organisations environnementales et le secteur privé.
Communication 5. Impacts des changements climatiques sur la production céréalière (cas du Burkina Faso)
Messieurs GARANE Ali Jacques (Direction de la Météorologie, Chef Service Climatologie) & Léopold SOME (chercheur Argoclimatologue à l’INERA) ont présenté la communication portant « impacts des changements climatiques sur la production céréalière (cas d’application au Burkina Faso) »
Ils ont mis l’accent sur les concepts et définitions du climat, des changements et de la variabilité climatique, leurs incidences-causes-conséquences et mesures d’adaptation et/ou de d’atténuation.
La Convention des Nations Unies y relative (CCNUCC, art1) définit les Changements climatiques comme des changements attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de l’atmosphère mondiale et qui viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de périodes comparables.
Au niveau mondial on constate que (i) onze des 12 dernières années sont considérées comme étant les plus chaudes depuis que l'on dispose d'enregistrements (1850), (ii) le réchauffement s'est accéléré ces dernières années (0,74 degrés supplémentaires sur les 100 dernières années de1906-2005), contre 0,6 degrés retenus pour la période 1901-2000), (iii).
Les causes anthropiques sont notamment la combustion de quantités de plus en plus élevées de pétrole, d’essence et de charbon, la coupe des forêts et certaines méthodes et pratiques agricoles.
Les conséquences probables des changements climatiques comprennent entre autre des extinctions d'espèces (faune et flore), des difficultés sanitaires et alimentaires de plus en plus grandes et des fréquences élevées des "événements météorologiques extrêmes".
Au Sahel en général et au Burkina Faso en particulier, ces conséquences se traduisent l’accentuation de la sécheresse de plus en plus fréquentes et á des périodes sèches plus longues, avec une baisse de la pluviométrie (la dégradation des sols, baisse des productions agricoles et pastorales, ruptures chroniques d'approvisionnement en nourriture), les mouvements de populations (migration vers des zones moins hostiles), l’accroissement des maladies, la perte significative au niveau de la biodiversité, l’Intensification des tempêtes et des inondations, l’érosion, l’élévation du niveau des eaux, (une érosion côtière, la submersion de terres, des inondations et un accroissement de la salinité des nappes phréatiques), les pertes de récolte et la recrudescence des maladies hydriques, le réchauffement global de la température.
Les auteurs de la communication ont en conséquence lancé un appel sur la nécessite d’une application effective des mesures d’adaptation ou d’atténuation par tous les acteurs. On peut citer à tire d’exemples à encourager l’application des techniques d’économie de l’eau (zai, diguettes, paillage, demi-lune, etc.), la fertilisation organique (fosses fumières, compost, etc.) et la valorisation des espèces/races améliorées.
Ils ont conclu en insistant sur le fait que l’atténuation des effets des changements climatiques réside dépend de la volonté de tous à adopter des comportements responsables qui tiennent compte de la sauvegarde de l’environnement.
INTERVENTIONS DE PERSONNES RESSOURCES
Les Doyens Bernard Lédéa OUEDRAOGO et Ouéttian BOGNOUNOU ont partagé leurs riches expériences avec les congressistes.
Le Parrain Dr Bernard Ledea OUEDRAOGO a dans son adresse salué les efforts forts appréciables faits par les acteurs en matière de gestion des ressources naturelles. Il a relevé l’importance des connaissances endogènes, la nécessité d’une meilleure stratégie de reboisement qui prend en compte les différents facteurs qui menacent la survie des plants (divagation des animaux, feux de brousse, etc.). Il a également mentionné des exemples de succès enregistrés à travers les groupements Naam (information-communication à travers les medias communautaires, application des techniques locales de lutte contre l’érosion dont le tapis herbacé, etc.)
Utilisation des approches sociologie !
Auto expérimentation
Il a recommandé que le MECV utilise le mécanisme du SEP (Suivi-Evaluation-Prévision) pour une meilleure efficacité de ses actions sur le terrain.
Monsieur Ouétian BOGNOUNOU (chercheur Ethnobotaniste, membre du conseil de gestion de NATURAMA et membre du conseil scientifique du parc Bangre Wéogo) a rappelé l’importance de la problématique de sauvegarde des espèces ainsi que les pratiques traditionnelles positives (exemples des bois sacrés). Aussi il a recommandé qu’un inventaire du patrimoine traditionnel en matière de gestion des ressources naturelles soit réalisé pour servir de base à leur préservation. Il a également noté que certaines ressources forestières restent sous valorisées.
SYNTHESE DES ECHANGES SUR LES COMMUNICATIONS
Les différentes interventions qui ont suivi les présentations ont mis en exergue un certain nombre de constats:
1. les jeunes ont besoin de plus d’informations adéquates sur les politiques et les stratégies de gestion durable des ressources naturelles et de l’environnement
2. La relecture de la RAF dans le sens de sécuriser les terres rurales (espaces de productions) en vue d’accroître les opportunités d’investissements privés dans les secteurs agricole, animale et forestière
3. La question de la promotion du biocarburant doit être sérieusement examinée en vue d’éviter d’aggraver la dégradation des terres et l’insécurité alimentaire
4. la gestion des déchets domestiques est avant tout de la responsabilité de chaque citoyen
5. L’importance du comportement de chaque citoyen qui soit en harmonie avec la nature
6. Le besoin d’entreprendre des actions concrètes au delà des discours au niveau de tous les acteurs (Elevage non conventionnel, valorisation de PFNL, etc.)
7. Les conditions administratives et financières d’accès des jeunes aux financements de leurs initiatives « vertes » notamment mérite d’être mieux assouplis au regard de la spécificité de la jeunesse.
8. Le souhait de voir le congrès être régulièrement organisé avec des dispositions particulières pour permettre une plus grande participation des populations locales
9. La nécessité de revisiter les approches de sensibilisation et les options d’utilisation des sachets plastiques en vue d’une réduction sensible de leurs incidences sur l’environnement et le cadre de vie
10. Des inquiétudes persistantes en rapport avec les conséquences environnementales du programme SAAGA, de la culture cotonnière dans les régions Sud et Est du pays vu l’expérience vécu au nord, des OGM et des piles usagers.
11. la lenteur d’adoption des textes d’application de la loi portant CGCT relatifs au transfert des compétences de gestion des ressources forestières aux collectivités territoriales
12. Faible capacité des communes à gérer convenablement les ressources forestières
Harmonisation des textes réglementaires, notamment dans le traitement des infractions ?
Formation/IEC des magistrats en environnement ?
Elaborer un code de bonne conduite environnementale ? Existe mais doit être vulgarisé
Elargissement des actions EE aux écoles primaires !
13. Le besoin de prendre en compte des concepts reconnus au niveau international dans la réglementation nationale à travers notamment le code forestier (ex. zones humide, ZICO, etc.)